Blog

Article précédent
Article suivant

La maison comme lieu d'hospitalité.

05-05-22 12:51

L'ensemble des articles publiés sur ce blog est disponible aussi bien en version audio que sous forme de texte.

maison chemin

La maison

icône audio

Texte : Stéphanie Byache


Il y a toutes sortes de maisons : des maisons-cabanes, des maisons-prisons, des maisons-grattes-ciels, des maisons-sur-l’eau… Il y a des maisons heureuses et des maisons toxiques. Des maisons refuges et des maisons dangereuses. Des maisons mélodieuses et des maisons qui crient, hurlent, pleurent et cognent. Des maisons vivantes et des maisons qui tuent. Des maisons de paille et des maisons bunker. Des maisons aux volets ouverts et d’autres aux serrures rouillées.

Ouverte à tous les vents, la maison n’abrite personne. Refermée sur elle-même, coquille ou carapace, la maison emprisonne. Entre ces deux extrêmes, toutes nos maisons prennent formes.

Le psychisme est une maison. Les dessins d’enfants le disent. Représentation universelle de l’être, la maison est « soi ». Psyché, corps, peau, parole… tout cela à la fois ; autant d’enveloppes qui s’intriquent en une seule demeure et qui nous contiennent. Plus ou moins solide, plus ou moins construite, plus ou moins poreuse, plus ou moins ancienne, plus ou moins soignée, plus ou moins ancrée, notre maison est notre lieu.

« L’être sensible a besoin d’un espace pour advenir... » avance la philosophe et psychanalyste Cynthia Fleury. Le fœtus croît dans le ventre de sa mère. Le bébé s’éveille dans les bras de celui qui le porte. L’enfant grandit au sein d’une famille, d’un village, d’une école, d’un environnement qui soutient son développement. L’adulte assure le monde de l’infans pour que celui-ci puisse y advenir. Le lieu précède l’être.

Au commencement, était donc une maison : la maison de l’autre. Avant que de pouvoir habiter notre propre lieu, notre maison fut celle où l’on fut accueilli (ou pas)… Autrui est au fondement de notre propre fondement. La présence de l’autre assure ainsi, plus ou moins bien, plus ou moins mal, les conditions d’élaboration de l’être propre. Tous, nous avons d’abord été hébergés – ventre maternel, sein nourricier, bras contenants et portants, parole adressée… – avant que de pouvoir accéder au lieu qui est le nôtre, avant que de pouvoir arriver « chez nous», avant que de pouvoir, chacun, devenir « maître en sa demeure », individué.

Notre lieu fut, en premier lieu, le lieu de l’autre, celui où l’on fut originairement accueilli.

Hospitalité première.


Si cet article vous a intéressé et que vous souhaitez y réagir, vous pouvez me joindre par mail :

stephaniebyache@gmail.com ou au : 06 81 20 74 93